Histoire de repreneuriat – « Après un an, on est extrêmement fiers de ce qu’on a accompli »

Pour Rimy et Emer, il n’y avait pas de doute : ils se lanceraient en affaires. Mais ce qui les allumait vraiment, ce n’était pas tant de créer une nouvelle entreprise que d’acheter une compagnie existante et de l’emmener plus loin. Pour eux, la voie du repreneuriat était la plus séduisante.

Evol a rencontré Rimy un an après qu’ils eurent pris les commandes de leur entreprise.

D’abord, les présentations : Rimy Sakr, MBA avec profil en ressources humaines, 14 ans d’expérience, dont trois comme directrice Acquisition de talents à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Emer Mestiri, M.Sc. en finance, 14 ans d’expérience, dont les huit dernières chez Desjardins, notamment comme chef de l’équipe du risque de crédit. 

Bref, deux personnes avec beaucoup de bagages, des études solides, des postes forts enviables. 

Et pourtant…

Et pourtant l’un et l’autre savaient qu’un jour ils feraient de l’entrepreneuriat un projet de vie. « On ne voulait pas lancer une start-up dans un domaine qu’on connaissait. Ce dont on rêvait, c’est de racheter une entreprise existante, et pas dans n’importe quel domaine : dans le secteur manufacturier. On voulait du concret! »

Pendant 10 ans, Rimy et Emer ont cherché. Ils ont mandaté une firme de sourcing qui les a aidés à rencontrer plusieurs entreprises – des pistes fort intéressantes dans plusieurs cas, mais pour diverses raisons, les choses ne sont pas concrétisées. 

Puis, au printemps 2021, le nom d’Onducorr est apparu. 

Fondée en 2005, Onducorr est une entreprise spécialisée dans les solutions d’emballage de carton ondulé pour les PME. Les propriétaires, qui ont fondé la compagnie, souhaitaient prendre une retraite bien méritée après 15 ans d’un labeur intense.

Les discussions ont duré huit mois, et rien n’a été laissé au hasard : compréhension de l’écosystème, validation des chiffres, valeur de l’entreprise, revue diligente, négociations.

La transaction a eu lieu en novembre 2021. Les anciens propriétaires sont restés dans l’entreprise plusieurs mois pour assurer une bonne transition.

Et nous voilà un an plus tard…

Une aventure palpitante et pleine de défis

« Les défis sont nombreux quand on reprend une entreprise, nous dit Rimy. Quand on pense à la quantité de choses nouvelles et complètement différentes à assimiler en un temps record, ça donne le vertige. Parce que dès le jour 1, il faut prendre des décisions! Et ces décisions-là ont un impact sur l’entreprise, et l’entreprise, c’est 35 familles qui vivent d’elle! » 

Rimy marque une pause et ajoute : « Tu sais, à la fin de la journée, le volet humain, c’est le plus important. »

Le volet humain est revenu sans cesse lors de notre entretien. Et on sent que ce n’est pas pour la galerie : les nouvel·le·s propriétaires d’Onducorr ont véritablement à coeur le bien-être des individus. 

« Nous traitons tout le monde comme on veut être traités. Pour nous, ça va de soi d’agir comme ça, c’est dans notre ADN. »

Mais le volet humain, c’est aussi de convaincre tout son monde de pousser dans la même direction. 

« L’une de nos plus grandes craintes était de ne pas être accepté·e·s par l’équipe. Onducorr, c’est une grande famille d’une trentaine de personnes. On aurait fait quoi si tout le monde n’avait pas mis l’épaule à la roue? On a eu de la chance : ça s’est globalement très bien passé. »

Plusieurs facteurs ont contribué à cette complicité. 

D’abord, Rimy et Emer comptaient être des propriétaires-dirigeant·e·s, et non seulement des investisseur·euse·s intéressé·e·s à maximiser les profits à court terme pour revendre.

Ensuite, dès le premier jour, Emer est descendu sur le plancher de production et ne l’a pour ainsi dire pas quitté depuis. Pour les gens autour, c’est perçu comme du vrai leadership.

Les conditions du succès

« On s’est bien entouré·e·s! »

C’est presque un cri du coeur que Rimy lance quand on lui demande ce qui a fait la différence pour eux. 

Elle explique : « Bien sûr, il faut avoir de nombreuses compétences pour sauter dans l’arène repreneuriale. Savoir gérer la production, lire des états financiers, optimiser des processus, gérer des équipes. Et il faut apprendre très très vite, le rythme est hallucinant. 

Mais l’entourage, c’est la clé. On a été formidablement accompagné·e·s et épaulé·e·s par nos familles, nos ami·e·s et nos conseiller·ère·s, avant, pendant et après l’achat. Seul·e·s, je ne crois pas qu’on y serait arrivé·e·s. C’est un conseil que je donnerais à toute personne intéressée par le repreneuriat : entourez-vous. »

L’humilité, la transparence, la curiosité, l’envie d’apprendre et de tout comprendre sont d’autres qualités fondamentales. De même que l’écoute.
« Si tu arrives avec ton idée toute faite, tu vas rater beaucoup de choses. Emer et moi, on s’est mis·es en mode écoute et ouverture, et ça nous a énormément servis. »

Autre élément qui a joué en faveur des jeunes repreneur·e·s : la complicité avec les ancien·ne·s propriétaires. « Il et elle ont facilité la transition, et du même coup, contribué à la pérennité de l’entreprise créée 15 ans plus tôt. C’est vraiment une situation gagnant·e·s-gagnant·e·s. »

La deuxième année

Maintenant que la première année est terminée, il faut envisager les douze prochains mois.

Les repreneur·e·s veulent continuer à implanter leur vision et faire d’Onducorr un leader dans son écosystème.

« La flexibilité et la créativité de nos solutions nous permettent de répondre à tous les besoins particuliers de nos clients, peu importe leur domaine, la nature de leur industrie ou la taille de leur commande. Sans oublier que nous avons une équipe hors pair. On veut miser sur tout cela. Si la première année, il s’agissait surtout de consolider le transfert, dès la deuxième, on met le cap sur le développement et la croissance. »

Les Emballages Onducorr veut aussi ajuster ses activités à la nouvelle économie verte et devenir un leader de l’industrie pour les questions environnementales. 

La passion

« Est-ce que vous regrettez l’aventure du repreneuriat? », lui demande-t-on en guise de conclusion. 

« Bien au contraire! Ça n’a pas toujours été facile, mais on est extrêmement fiers de ce qu’on a accompli, et on envisage l’avenir avec beaucoup d’optimisme.

Pour Emer et moi qui avons toujours travaillé dans l’univers feutré des tours de bureaux, de nous retrouver sur un plancher d’usine au quotidien, c’est quelque chose. Mais on adore! Et tu sais quoi? L’univers des boîtes de carton, c’est tripant! »


Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Desjardins ayant pour objectif la création des Parcours Essence-repreneur·e·s et Croissance d’impact, une initiative d’accompagnement qui permet à de jeunes entrepreneur·e·s de faire progresser leur projet de repreneuriat et de croissance d’impact par l’entremise de parcours innovants. Pour en connaître davantage sur cette initiative: