Réaliser qu’on n’est pas la seule à avoir des doutes

Être en affaires peut être comparé à avoir un enfant : c’est un choix de vie qui est, et on va se le dire, plutôt irrationnel ! Après la naissance de mon fils, je me suis tournée vers les spécialistes : sites « officiels », infirmières et autres. Avec les « bonnes » choses à faire, l’anxiété s’est rapidement emparée de moi : l’allaitement, les heures de sommeil, le portage, la nourriture solide. Puis, j’ai entendu des histoires de « vraies » mamans et tout s’est envolé lorsque j’ai réalisé qu’il y a autant de façons d’être parent qu’il y a d’enfants ! 

En affaires, chaque histoire d’entrepreneure est unique, mais les défis et les doutes se ressemblent. C’est tentant de dire que tout va bien, mais si on veut améliorer une situation, en parler peut faire toute la différence. Parler de nos défis ne les fait pas disparaître, mais ça donne la motivation d’y trouver des réponses avec pragmatisme et réalisme. 

C’est dans cette optique qu’un groupe de codéveloppement peut être une source d’évolution. En effet, se donner le temps de verbaliser nos doutes et nos espoirs les plus profonds permet d’y voir plus clair. Si on a la chance de le faire avec des personnes qui comprennent notre réalité et qu’elles ont des expériences pertinentes à partager, on peut alors créer notre propre solution, qui cadre avec nos ressources, notre personnalité et nos valeurs. 

Bâtir son courage, une rencontre à la fois

L’entrepreneuriat demande du courage. Le courage, c’est avoir peur et avancer quand même. Ça ressemble à votre quotidien? Vous ne voulez sans doute pas montrer vos doutes, mais plutôt paraître solide et rassurante auprès de votre entourage : employés, banquiers, associés, membres de votre famille.

« J’ai réalisé que de partager notre vulnérabilité n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un signe de force. »

— Marie-Chantal Houde, Fromagerie Nouvelle-France

Pour s’ouvrir et se montrer vulnérable, ça prend aussi un espace rassurant pour le faire. S’offrir un groupe de confiance où l’on peut être authentique et ambitieuse, vraie face à nos valeurs, prête à partager notre histoire avec des gens qui nous ressemblent, qui portent leur propre histoire aussi, leurs valeurs, leur réalité.

L’expérience ne s’achète pas

C’est un proverbe anglais que mon grand-père disait souvent. Il l’avait même personnalisé et disait plutôt : « L’expérience, ça ne s’achète pas à la livre ». C’est tellement riche de pouvoir alors apprendre de ceux et celles qui sont passés par là et qui sont encore là pour le raconter et accorder à nos défis une importance relative. En se comparant, on réalise qu’au fond on se ressemble plus qu’on ne le pense. 

« Je me suis permis de dévoiler une vulnérabilité et d’assumer que je peux me tromper. »

— Mélodie Heuser, Kaizen arts martiaux

Pour se rendre jusque-là, il faut d’abord se choisir, se donner le temps de développer son savoir-être. On peut alors s’améliorer et amener son entreprise plus loin. Développer sa confiance en soi permet aussi de prendre des décisions difficiles et de les assumer pour obtenir, on le souhaite, du succès et l’assumer également! 

Pour ne pas juger les autres, il faut apprendre à ne pas se juger soi-même

Pour parler de façon authentique et écouter avec bienveillance, il faut outrepasser le chiffre d’affaires, l’âge, la feuille de route, la valeur aux livres et même qui fait partie de son réseau LinkedIn. Partager son expérience avec d’autres entrepreneurs.es est ce qu’on a de plus précieux, mais c’est ce qui nous rend humains.es et semblables au fond. 

Le courage que l’on développe dans cet environnement sécuritaire nous sert ensuite dans toutes les sphères de notre vie : une discussion difficile avec son associé·e, un gros client, notre distributeur, notre conjoint·e. Parfois, mon patron se montrait accessible et vulnérable. Loin de trouver ce comportement déplacé, je voyais cette personne plutôt comme quelqu’un de sympathique et d’inspirant. 

« En discutant avec ces entrepreneures, ces femmes, ces mères, je réalise que je ne suis pas la seule à vivre ces problèmes, alors que je pensais que personne ne pouvait me comprendre. »

— Caroline Babin, photographe

J’ai récemment entendu cette phrase : « Aider plus, juger moins ». Le plus grand des cadeaux, c’est aussi de se juger moins. Le codéveloppement permet exactement cela : on juge moins les autres, mais également soi-même, et c’est alors que l’on peut grandir et apprendre. La bienveillance et l’empathie sont deux qualités que l’on apprend par le codéveloppement!